China Jam diary / 4 septembre

La neige s’est à nouveau mise à tomber dans la nuit, le réveil à 3h du matin est donc un pétard mouillé, nos deux compères restent dans les duvets comme nous. Au vrai réveil, le temps est beau mais le pilier est couvert de neige, pas de regrets.
Nous décidons de plier bagages après une jolie session de musique sur un gros bloc erratique.

Nous reprenons donc nos gros sacs (un peu moins gros cependant) et allons faire une dépose de matériel au pied du glacier qui donne accès au Kyzyl Asker. Mais le temps a à nouveau changé et c’est sous une neige humide et dans un pierrier infâme que nous faisons ce portage. Nous larguons le maximum de choses sous un gros bloc et filons vers le camp de base.

Ali est heureux de nous revoir. Nous sommes heureux de retrouver le confort de la grande tente et nos légumes frais. Nous discutons, jouons de la musique et mangeons autant que possible.

Sean et Nico ont toujours autant la chiasse mais Sean n’à plus mal au ventre, c’est déjà ça. Quant à moi, mes brûlures d’hier s’affirment et une petite plaie à l’index qui ne fait que s’agrandir et s’infecter m’inquiète.

China Jam diary / 3 septembre

La neige ayant été de la partie toute la nuit, l’idée de gravir le pilier est remise à plus tard et nous décidons d’explorer les autres vallées des environs.

Départ un peu plus matinal cette fois, nous nous scindons en deux équipes. Nico et Sean vont repérer la vallée du Kizil Asker, le plus haut sommet des environs. Tandis que Steph et moi grimpons vers un col à 4800m, col qui allait nous donner le loisir d’observer de plus près un de nos potentiels objectifs et nous permettre de basculer d’une vallée à l’autre sans avoir à repasser les Check-points divers et variés. Nous mettrons finalement beaucoup plus de temps que prévu pour l’atteindre, une poudreuse fabuleuse mais infernale sans skis ni raquettes nous ralentit énormément. Nous mettons deux heures pour franchir un couloir de 200m à 45°. Une fois sur le plateau glaciaire, c’est alors une neige toujours profonde mais cette fois lourde qui nous attend. Nous atteignons le col à 15h après 6h d’effort. L’altitude et cette neige nous atomisent. Nous arrivons vidés. Vides et déçus aussi parce que le pilier que nous espérions être un objectif majeur se révèle être finalement assez peu excitant. Déçus aussi parce que le col en question est très raid sur son autre versant et nous empêche donc de passer d’une vallée à l’autre comme prévu.

La descente est encore plus fatigante que la montée. Elle est surtout beaucoup plus exposée. Nous tentons en effet de prendre un autre chemin pour rentrer mais celui ci nous oblige à slalomer durant des heures entre de gigantesques crevasses et à passer sous d’innombrables et menaçants séracs. Le tout toujours dans cette neige profonde et lourde. Un véritable calvaire. Nous rentrons au camp après 3h30 de descente et une vingtaine de pauses où nous nous couchons littéralement dans la neige.

Au camp, Sean et Nico ont heureusement une bonne nouvelle. Le Kizil Asker semble être un très bel objectif.

Sean et Nico se préparent pour attaquer le pilier en façe de notre bivouac vers 5h du matin. Steph et moi déclinons l’invitation.

Sean et Nico ne sont toujours pas bien. Steph à quelques mots de tête à nouveau et moi, je sens que le soleil et la neige m’ont brûlé quelques coins ou j’ai omis de mettre de la crème.

China Jam diary / 2 septembre

Matinée tranquille à nouveau, nous décidons d’aller voir le pied du pilier repéré depuis le camp de base. Nous prenons notre temps, Sean n’est vraiment pas en forme. Il rentre se coucher au bivouac pendant que Nico, Steph et moi tentons de remonter le plus haut possible un des glaciers adjacents pour observer et tenter de trouver un bel objectif à grimper pour cette expédition, car à vrai dire, nous ne savons presque rien de ce coin.

Malheureusement, comme la veille, le temps se gâte et bien qu’arrivés en fond de vallée à 4400 m, nous ne voyons rien. Le beau soleil laisse place à la brume, puis la neige. Nous rentrons en vitesse et arrivons trempés et transis une autre fois au camp où Sean attendait de nos nouvelles.

Sean n’est pas au top au niveau gastrique mais ne veut pas de remède. Nico n’est pas beaucoup mieux et Steph et moi touchons du bois.

Chinajam / Camels and donkeys

hi all!

Like for everybody else, our holidays are over, it’s time to go back to work.

At last, after some hold-ups with customs and check points, we have finally arrived at our new home: the Chinese Base Camp (3600m). We managed to carry all our gear and food in one go! Ok we did get a little help from two camels who carried 200kg each! And three donkeys (on top of the expedition members) who also carried a fair bit of weight. It’s really beautiful here and the atmosphere is very different to any of our previous expeditions. Hopefully we will find what we are looking for. Some of us are looking for boulders, big walls and great acoustics others are looking for spiritual enlightenment, sufferfests and wisdom. It’s just so exciting to be here.

So far the team is doing really well: after arriving at base camp, Sean has a bad case of diarrhea, Nico has a bit of a sunstroke and is vomiting, Stéphane has a bad headache and Evrard has a sore back. So nothing unusual to report really.

Now we need to explore the valley to see if we can find anything attractive.

More news to come!

Rrrrraaaackkkk!!!!

The Chinajam team : Stéphane Hanssens, Sean Villanueva, Nicolas Favresse and Evrard Wendenbaum

China Jam diary / 1 septembre

Matinée tranquille à préparer les sacs sur une belle pelouse alpine pour une première exploration des environs. 4 jours de nourriture donc mais aussi tout le matériel pour bivouaquer en altitude et tenter une ascension express d’un beau pilier visible au fond de la vallée. Nos sacs tournent autour des 30-35 kilos chacun.

Vers 15h, nous quittons le camp sous le soleil et nous attaquons la remontée de la moraine puis du glacier lui même, très accidenté, couvert de blocs rocheux instables… Nous atteignons vers 21h, éreintés et transis sous une neige humide et un brouillard glacial, un emplacement de bivouac plus ou moins confortable dans la pierraille et la glace. Nous sommes à 4000m. Le temps de terrasser un peu quelques mètres carrés et la nuit est déjà là.

Sean a toujours la chiasse, Nico aussi. Steph va mieux et moi, je prie pour que ce portage n’ait pas été de trop pour mon dos.

China Jam Diary / 31 aout

Départ tardif, nos chameliers se font attendre. Mais une fois avec nous, nous découvrons les capacités hallucinantes de chargement des chameaux asiatiques. Entre 150 et 200 kilos sur chacun de nos deux chameaux ainsi que trois ânes qui a côté ont l’air bien ridicule mais qui portent tout de même près de 80 kilos chacun.

Nous remontons ainsi une belle vallée jalonnée de bergeries en pierre sèche. Nous croisons quelques yacks, quelques chevaux, des chèvres puis nous grimpons jusqu’à un petit col. Les chameaux ont beaucoup de mal dans cette côte et nous devons chacun nous employer un peu pour les faire monter. une fois au col, nous rejoignons une autre vallée à flanc et les chameaux donnent alors un tout autre rythme. Nous les suivons en marchant à vive allure le long du lit de la rivière, large et en faux plat montant. L’altitude commence à se faire sentir, nous arrivons au pied de la moraine du glacier qui donne accès aux parois que nous convoitons.

Nous établissons notre camp de base ici a 3600m d’altitude. Aussitôt arrivés, nos chameliers et nos bêtes nous quittent. Nous ne sommes plus que nous quatre accompagnés de notre guide Mohamed Ali et de notre Officier de liaison Guo. Les montagnes sont très belles mais aussi très enneigées.

Sean a la chiasse, Nico a le bide qui le tourmente, Stéphane a de gros maux de tête. Quant à moi, je surveille mon dos.

China Jam Diary / 30 août

Nous voilà partis vers 9h du matin sur les routes en direction de nos objectifs montagneux.
Durant les premières heures, nous remontons une large vallée de galets et longeons la rivière. C’est assez moche pour être tout à fait honnête. Bon, la météo n’aide pas : il fait gris et pluvieux. Mais quand même, on sent que tout le paysage est modelé et remodelé par l’homme et ses bulldozers, ce qui gâche un peu le plaisir, en tout cas le mien.

Nous enchainons les check-points. Certains passent bien et il n’y a qu’Ali et notre officier de liaison Guo qui descendent du bus pour présenter les papiers. Parfois, nous devons descendre aussi, nous présenter et donner nos passeports. Parfois encore, nous devons remplir des papiers et marquer des papiers de nos empreintes digitales. Dans tous les cas, cela prend un temps fou en discussions, paperasses… et nos deux accompagnateurs ne sont pas rassurés. Nous sentons que tout peut se passer et que nous pourrions fort bien devoir repartir en arrière et rentrer chez nous. Les regards sont inquiétants, nous faisons profil bas en espérant surtout que les militaires n’aient pas envie de vérifier notre attirail car nous avons des tonnes de matos de grimpe et de photo, or nous n’avons qu’un permis de trekking et pas le droit évidemment de filmer ou de photographier quoi que ce soit.

Nos guides sont tellement angoissés qu’ils nous interdisent d’aller manger un peu truc dans une gargotte ou acheter une bouteille d’eau. Ils disent que si nous descendons du bus, nous risquons de gros problèmes. Ces contraintes et ce stress permanents sont assez pénible à force !

Après la ville de Akqi, le temps se met au beau et nous pénétrons dans une région bien plus jolie. La vallée se resserre, les montagnes se rapprochent et le lit de la rivière semble bien plus naturel. Nous voyons nos premières yourtes, des chèvres traversent la route, quelques chameaux apparaissent, le dépaysement que nous cherchions semble bien de la partie.

Un énième check-point inquiétant à l’entrée de la petite vallée qui doit nous amener à notre point de départ et nous pénétrons dans un corridor étroit entre deux parois de granite sculptées. La rivière qui traverse cette région est une des plus belles qui soient. La route est en surplomb au-dessus du courant et des rapides.

Notre bus se gare à coté d’une maison en terre sèche et nous le vidons juste avant la nuit. Un premier repas au réchaud et nous nous couchons dans les tentes. Demain, les chameaux viendront.

China Jam Diary / 29 août

Mes trois compagnons ont fini par récupérer nos bagages et me rejoindre après une vingtaine d’heures de bus vers midi ce 29 août. Nous sommes bien heureux de nous retrouver après toutes ces galères adminsitratives aussi bien pour mon visa que pour le dédouanement de notre matériel.

Nous partons faire quelques courses encore et organisons un peu nos sacs à l’hôtel.

Ali nous emmène découvrir la gastronomie locale et nous mangeons comme des rois.

Le départ vers les montagnes est prévu pour demain matin.

Expedition #Chinajam : 1

Voilà bien longtemps que je n’avais pas pris ma plume virtuelle pour alimenter ce blog. Un hiver délicat au niveau santé, pas mal de travail, trop peu de détente et des perspectives d’expéditions lointaines… Tout ceci m’a éloigné de cet exercice que j’apprécie.

Les choses vont peut-être changer, tout au moins momentanément, puisque je suis actuellement en Chine pour une nouvelle aventure et j’ai bien envie de la partager avec vous.

Je suis arrivé hier dans la « petite » (à l’échelle de ce pays) ville d’Aksu, à l’extrémité ouest de la République démocratique de Chine, tout proche de la frontière kirghize. Je suis calé pour le moment dans une chambre d’hotel après avoir pris mes marques aujourd’hui et fait quelques courses avec notre guide Ali.

Pourquoi dis-je « notre » ? Parce que je ne serai pas seul dans cette aventure, mais accompagné de trois larrons et pas n’importe lesquels. Nicolas Favresse, Sean Villanueva O’Driscoll et Stéphane Hanssens forment un trio de belges déjantés, surdoués en escalade et musiciens dès que possible, que vous connaissez peut-être déjà.

L’objectif ? Ben… y’en a pas vraiment ! Et c’est bien ça qui me plaît. Nous partons à la découverte d’une région montagneuse dont on sait peu de choses si ce n’est que presque tous les sommets restent à gravir et qu’elle réserve probablement une bien belle concentration de big walls, ces parois immenses et vertigineuses que nous recherchons pour nous émoustiller un peu.

L’idée étant évidemment d’aller chercher la plus belle, la plus raide, la plus haute et la plus difficile de ces parois et de la gravir. Vous allez me demander pourquoi partir avec des belges pour grimper une paroi. Détrompez-vous, le belge sait grimper ! Et mieux que ça, il sait le faire dans la joie et la bonne humeur, tout en engageant la viande quand il faut ! Et ces trois-là en particulier.

Alors moi, que fais-je là-dedans ? Et bien je m’en vais leur tenir compagnie, les assurer, grimper aussi peut-être un peu, mais surtout photographier et filmer ce beau moment de vie en paroi. J’avoue que je suis assez excité de reprendre mon rôle de cadreur de l’extrême après quelques années d' »inactivité » pour cause de projet Makay.

Bon là, j’étais sensé les retrouver mais finalement, c’est moi qui les attend car les choses ne se passent jamais aussi simplement que l’on voudrait. En l’occurrence, nos sacs remplis de matos sont coincés à Urumqi (prononcez Ouroumtchi) et mes trois collègues ont bien du mal à les faire sortir de la douane. La patience est donc de mise. Je n’ai plus de nouvelles d’eux depuis ce midi donc ils ont peut-être réussi à prendre la route vers Aksu et je vais peut-être les voir débarquer en pleine nuit ici, ce serait top.

En tout cas, j’avoue que ce petit temps de repos n’est pas pour me déplaire car le voyage qui m’a amené jusqu’ici la nuit dernière a duré près de 28h et je suis arrivé éreinté. Comme je le disais, j’ai donc profité de cette première journée pour faire quelques courses et échanger mes premiers mots de chinois avec notre guide Ali ou plutôt Mohamed Ali. Oui je sais, ils sont nombreux les Mohamed Ali dans le monde alors ça ne vous dit pas grand chose. Sachez donc que c’est un petit gars fort sympathique originaire de Kashgar près de la frontière pakistanaise, qui cause anglais plutôt très bien, qui sourit beaucoup, qui aime rigoler, qui se met en quatre pour trouver ce que je cherche dans les bazars du coin et qui boit de la bière de temps en temps. On va bien se marrer en somme.

Pour information, nous sommes ici chez les Ouïgours, une communauté sunnite très proche (au niveau de la langue, de l’écriture, bref de la culture) des kirghizes et donc des turques. Ils parlent donc le Ouïgour mais dans les montagnes où nous allons, ils parlent un dialecte différent semble-t-il. Ali est là pour jouer les intermédiaires entre les communautés locales qui vont nous aider à trimballer nos dizaines de kilos de matériel et de nourriture vers notre camp de base.

J’avoue que je partais avec quelques aprioris pas forcément positifs sur la Chine et ce que j’ai vu ici ces dernières heures m’a beaucoup rassuré. Le sourire est de mise même chez les militaires, des gens se sont décarcassés pour nous aider comme jamais je n’aurais pu l’espérer en France, beaucoup sont venus à ma rencontre pour être mon ami, être pris en photo avec moi ou m’échanger mes Euros contre des Yuans en souvenir, tous voulaient savoir d’où je viens et comment je m’appelle. Bref, je me sens très bien ici même si, à part Ali donc, personne ne semble parler anglais. Je galère un peu pour communiquer mais la logique voudrait que ce soit moi qui apprenne le Ouïgour et non l’inverse. Je vais donc essayer de m’y atteler dès que possible.

Allez, je vous laisse pour le moment. En résumé tout va bien et j’ai hâte d’aller en montagne. A bientôt pour la suite.

[video] Cascada

Suite à la série Of Souls + Water produite par Forge Motion, la compagnie NRS qui l’avait financée a poursuivi le partenariat et à donner « carte blanche » aux deux réalisateurs Skip Armstrong et Anson Fogel pour un film « on the edge » ou pour dire à la sauce française, qui envoie du steack !
Ils ont donc embarqué une équipe de kayakistes extrêmes et du très bon matériel vidéo, et ils sont partis dans la jungle mexicaine, entre moustiques et pluie incessante, à la recherche de quelques unes des plus hautes cascades jamais franchies. Et on peut dire que le résultat ne passe pas inaperçu.
Chapeau !